Le Poète était déjà malade quand je fis sa connaissance.
Je m'en rappel avec assez de justesse,
Des volutes de fumées bleus qui s'échappaient des encensoir,
Aux formes des lampes magiques d'Aladin,
Et un parfum étrange qui emplissait l'antichambre
De douces et suaves féeries.
Lui était vêtu d'une très longue robe de chambre qui lui arrivait jusqu'au pied,
Et qui ressemblait d'avantage à une vieille guenille de vieux Bohème ou de Poète maudit.
Ses cheveux étaient en friche comme une broussaille de lichens et de maquis,
Avec cette couleur grisaille parsemée de flocons de neiges,
Et parfois un bonnet y était ajusté,
Sur le sommet de son crâne qui se dégarnissait.
C'était un homme taciturne,
Il ne parlait pas beaucoup,
Et ses silences avaient en eux quelque chose de sacré.
Mais cette réserve, cette timidité, cachait des centaines de trésors et de bibelots,
Autant d'élan à l'âme et au coeur insoupçonnable au premiers avis.
Mais lui le savait, la Poésie c'est ça :
Creuser sans cesse, jour après jour, pour pouvoir sonder toutes les sinuosités de l'âme humaine et de la Nature éternelle.