Hallucination (probablement l’un de mes meilleurs poèmes, il faut le lire sur le rythme de l’élégie de Fauré)
Je marche, hagard, sur le trottoir de bitume
Qui côtoie la route où défilent en masse les automobiles,
Ces drôles d’insectes en carrosserie qui laissent échapper
Derrière eux, des fumées opaques et grises.
A travers ces fumées je vois apparaître son image
Car mes pensées sur Elle seule sont rivées.
....Sur Elle seule désormais sont rivées.
Je tourne la tête – Personne – J’avais cru l’entendre.
J’avais cru entendre la musique de ses pas.
Je continue ma marche ; maladroitement.
Je traverse la route par le passage piéton,
Je marche jusqu’à l’arrêt du Bus,
Puis je m’arrête net, tel une statue perdue.
- J’attends le Bus....
Le voilà qui arrive tel un serpent jaune
Fait de métal et de fer. Avec deux phares allumés à l’avant
Qui ressemblent à deux grands yeux éclatants.
Ce reptile rectangulaire est munit de deux antennes étranges
Qui s’élèvent dans les cieux et se fixent
A un interminable câble métallique.
Le Bus semble presque vide.
Pourtant, je n’y monte pas.
Pourquoi ? Que sais-je....
Le Bus s’en va aussi rapidement qu’il était venu
Et disparaît dans l’horizon lointain tel un fantôme...
Et moi je reste seul sur le passage piéton ; attendant bêtement
Bêtement, tel un solitaire éperdu
Je promène mon regard au hasard sur ce qui m’entoure :
Là-bas, un rond point. Ici, un bâtiment moderne, monotone et blanc.
Là, un immense arbre à la chevelure verte,
Plus loin, une cathédrale en sang, un immeuble, une maison, un stade....
Mais nulle trace d’Elle. Je l’attends encore sans l’attendre.
J’espère parfois la voir déambuler d’une allée,
Elle, l’immortelle, l’éternelle.
Mais rien.....
Simplement le murmure monotone du vent.
Et la triste pluie qui commence à tomber.
Et rien d’autre, rien.
Mercredi 30 mai 2016