Le Mélancoliaque 2
Il est grand, il est maigre,
Efflanqué comme un squelette,
Un tas d’ossements en ramassis,
Qui déambule dans les boulevards
Un abcès de Mélancolie,
Se forme en croûte sur la maigreur
De ses côtés. Un excès de bile noir,
S'épanche en pue obscur,
Dans les ruelles de ses organes.
Ses yeux sont ternes,
Creusés comme les squelettes,
Des plis rudes et farouches,
Tapissent sont regard perdu
Lui conférant vieillesse précoce.
Il n’a que vingt ans et pourtant,
Semble en avoir le double,
Ses lèvres tremblent au vent du Nord,
Et semble interroger le ciel.
Il avance de son allure efflanquée,
Sur les boulevards des villes tristesse,
Ecrit des vers en bord de seine,
Pour espérer enfouir ses maux.
Apôtres des corbeaux et du ciel gris,
Il hante les ruelles perdues,
Maudit du ciel et de la vie,
Il n’est plus que l’ombre de lui-même.
Il fume des restes de tabac,
Qu’il mélange aux nuées d’opium,
De sa longue pipe en bois pourri,
Au rebord de ses lèvres gercées.
Si tu le croises un jour au détour d'une rue,
Tu le reconnaîtra directe de sa mine diluée,
Il ne te verra pas, engoncé dans sa perte,
Mais tu sauras directe que c'est lui.... le Mélancoliaque.