Le Café.
Dans les touffeurs d’un bistrot isolé, où les rondes de fumées aux éclats de rires s’acoquinent,
Où les paquets de cartes se divisent et ruissellent en fine feuille, sur les tapis de jeux verts des vieux loups de mer,
Où les parquets grincent aux pas du matelot, qui entre bruyamment dans le local,
Cassant la porte à moitié,
Balançant son gros manteau sur le crochet, réajustant son chapeau sur son crâne,
Toussant fortement, presque volontairement, faisant sursauter toute la galerie,
Puis riant d’un rire gras et prononcé qui va si bien avec le reste de ce si bizarre gaillard.
Il s’installe ensuite au comptoir et pose fougueusement son poing sur la table en s’écriant
« Deux binchs mon garçon, deux binchs ! »
Mais le bistrotier sait, il connait ses clients comme sa poche, et surtout lui le mythique Matelot,
(Mais qui ne le connaît pas ?)
Il sait que ces deux bières sont les premières d’une longue tournée »
Alors en deux secondes à peine, avec une adresse et une rapidité stupéfiante, il fait apparaître, comme par magie, deux grosses chopes de bières bien fraîches.
Le matelot toussote encore, plus fort encore qu’avant,
Battant son record, et se met à rire ensuite, d’une rire à fait éclater un verre.
Dans le bistrot, le brouhaha continue de jouer sa mélodie,
Et des accords jazzy s’échappe du piano d’un pianiste aveugle,
Qui crache son âme sur le clavier d’ivoire.
Les effluves des cigarettes continuent de voltiger et d’embaumer les narines,
La vieille lampe au plafond clignote rythmiquement,
Et parfois un papillon de nuit s’y brûle les ailes, aveuglément.
Ici, dans ce lieu reculé, chacun a sa place au sein de ce ventre si mystérieux,
Et rien ne peut briser cette harmonie parfaite qui s’étend si bellement.
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