Ma machine à écrire,
Fait des entailles à vif,
Dans l'antichambre de mon coeur,
Et je déambule et m'évanouis,
Comme un funambule étourdi.
C'est le nouvel ère des Temps Modernes,
Avec sa dose de vertiges et de crises,
Aromatisé dans la persienne grises,
D'une usine de tôle froissée.
Ouvrier des temps modernes,
Je m'occupe de taches ingrates,
La comptabilité du patron,
Et la rééducation
Des impotents bilans.
Jour après jour, heure après heure,
C'est toujours le même rituel,
Et rien ne diffère de la vieille :
Hier est aujourd'hui,
Et aujourd'hui sera demain.
Le temps avance,
Les ordinateurs ont remplacés nos vieilles machines à écrire,
Un progrès qui ne change rien,
Au monotone rituel,
D'un ouvrier moderne.
Toujours la même mine,
Celle d'un déficit de sommeil,
Visage blême et cernes violettes,
C'est le nouveau masque stéréotypé,
De l'ouvrier moderne,
Il succède à celui au charbon noir,
Qui tapissait les joues,
Des ouvriers d'avant.
Je me noie dans les papiers,
Ou dans l'écran déshumanisé,
De mon pc couleur d'asphalte,
Et l'angoisse en couteau aiguisé,
Fait des entailles cadencées.
Je tutoie l'hypocrisie,
Et les jeux de rôles,
De mes collègues décérébré,
Qui n'ont pour tâche seule,
De critiquer derrière le dos.
Et leurs sujets aussi creux qu'un vase,
Digne des café de comptoir,
Qui prolonge encore le malaise,
De ma triste existence.
Les trains, les gares,
La pluie, le brouillard,
Les autos, les routes,
L'odeur du macadam,
Et des moisissure,
Des immeubles très hauts,
Gris comme la tristesse.