Semblable à un rêve évanouit,
J'errais sur le pavé des villes évaporées
Et respirais la senteur des chrysanthème aux coeur noir,
Qui sanglotaient sous la pluie triste et fine.
Une valse de parapluie un peu désuète,
Sur la place de la ville au parfum des gouttelettes,
Le vieux kiosque à journaux et son vendeur barbu,
Le stand de marron chaud pour réchauffer les coeurs,
Et quelques bouffées d'ivresse qu'on sent monter en nous.
C'est un refrain sans prétention,
Un petit tableau d'un jour quelconque,
Un jour de pluie sur Neuchâtel.
Non loin sur un banc, à proximité du kiosque,
Un vieux monsieur barbu déguisé en matelot,
Salut tous les passants avec des sobriquets comiques,
Et le vent souffle léger et caresse nos cheveux.
Le lac,
On peut aussi l'apercevoir,
Depuis la Place Pury,
Il n'est pas loin, à quelques pas seulement,
Il suffit d'aller par le sous-voie qui traverse la route,
Et nous y sommes déjà.
Il est pareil à un miroir,
Qui s'accorde au rythme des saisons.
Aujourd'hui, tout comme la ville et ses passants,
Il a mit son costume de mélancolie,
Il change de couleurs à mesure que tombe la pluie :
C'est une petite ritournelle qui se marie si bien aux chants des oiseaux et des nuages,
Une déchirure de lumière à travers le rideau des âges,
Une rose des vents brûlée par l'eau salé des larmes du temps...
Et moi je marche toujours sous la douce pluie de Neuchâtel,
Rêveur et nostalgique,
Les deux mains dans les poches.