On vivait de rêve et de poésie,
Notre âme gourmande,
Se nourrissait de printemps et d'automnes,
Et on buvait des verres par milliers.
Le coeur tout jeune encore d'aventure,
On faisait tourner la rime,
Tout autour de la table,
Et nos horloges s'étaient brisées,
Au pavillon des rêves.
On lisait du Verlaine,
Du Baudelaire et du Rimbaud,
Et on déclamait leur vers,
Comme un vent d'hiver.
Les chaises en bois vieilli,
Avec des veines tout autour,
Leur rembourrage bruni,
De cuir d'outre-temps.
Des cartes postales jaunis,
Tapissaient les vieux murs :
Un chat, un chien, une balançoire,
Un lac, un couple, une vieille auberge,
Et des costumes d'un autre temps,
Avec leur étrange chapeau.
Si un jour tu passes par là,
Cercle des Poètes,
Rues des Rêves,
Tu reconnaîtra l'Auberge,
Elle ronronnera au fond de l'Aube,
Elle te semblera si vivante,
Mais si vieille en même temps,
Que tu la reconnaîtras,
Et tu frapperas avec lenteur,
Sur la porte d'un temps révolu.