Quand on valsait en cadence,
Vers la crédences aux fleurs fanées,
Sous la prunelle de l'éternité...
T'en souviens-tu ?
Quand nos vingts ans nous empourprait,
Comme un doux bouquet de roses,
Quand on avait des rêves...des rêves,
Pleins la tête et pleins le corps,
Et des coeurs en TGV
T'en souviens-tu ?
Dis-moi,
T'en souviens tu.......
Quand le Beffroi de l'univers,
Ronflait sous la course des nuages
Quand nos émois à veau-l'eau,
S'échouaient sous les nids du sable,
Pour s'éteindre dans leur alcôve,
Comme un soupir martyrisé,
T'en souviens-tu ?
La lune était bien belle ces soirs-là,
On voyait rire l'Arlequin blême,
Et sa mandoline caressait nos âmes orphelines...
Les sanglots liquides de la harpe,
Accrochés à des gentianes riantes,
Caressaient nos sourires de leur contours d'antan,
Et quand l'ancolie à la mélancolie se mêlait,
S'était un carnaval tendre et doux,
Un frou-frou dans nos coeurs enivrés.
Je me souviens de tout,
Eléonore...
J'ai tout gardé dans un vieux tiroir,
Où riait naguère quelques bouffés de bonheurs,
Et ces lettres, cachetés de rouge et de baisers :
- Une bague nacrée aux lueurs des pleines lunes.
Sur la balustrade d'un vieux balcon,
Dans la forêt des oublis,
Quand sonnait minuit,
On courrait comme des enfants,
Découvrir les antres des secrets.
Nous étions ivre !
Jeune et ivre !
Et nos rêves battait la mesure
au ligne de nos mains...
Mais le temps a blanchis nos tempes...
Et nos rires ont marqué de leur sceau
Des rides aux contours de nos lèvres...
Quand sur le vieux fauteuil,
Tu t'appuiera, exténué,
Peu à peu à la mémoire te reviendra,
La fragile lueur de nos jours heureux.
Mais aujourd'hui les volets sont fermés...
Et la vieille maison ne verra plus la splendeur des jardins,
La vie s'est étouffée dans le ciment,
Et les fantômes ont disparus.
Les oiseaux ne chantent plus,
Et l'air du soir est froid comme du marbre,
Et sur la partition les notes soupirent sans trêve,
Comme un vieux rêve abandonnée...
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