Poète, ô poète, quels sont les tourments qui te dévorent
Et ces troubles qui viennent en tourbillon frapper à ta porte ?
Poète, ô poète, quels sont ces ombres qui te hantes...
... Et les ombres brumeux de tes sombres larmes....
Qui tombent et succombent dans les pénombres ?
Dit-le moi, je t'en pris, dit-le moi...
Conte-moi ces maux qui viennent chaque soir à ta rencontre,
Ces maux que tu contiens au fond de toi et qui nuit et jour t'encombre
Raconte-moi les cauchemar qui te maintiennent en éveils
Et la peur pourtant des réveils après les bref sommeils...
Poète, je t'en prie, parle...
Explique-moi les marées qui montent sans cesse vers tes océans,
Les vagues qui vont viennent et divague en algue de feu
Et puis l'éclat infini de tes yeux devenus Atlantique....
Poète, je t'en prit parle....
Murmure-moi la clarté des mots,
Ceux-là étouffés sous les draps noir du désespoir...
Et la poterie d'argile rouge au fond de ton antre
Noyée dans un abysse immense d'eau froide.
Poète....poète, je t'en prie....
Chante moi les mélodies fantômes...
La voix éternelle de celle qui tissait tes ivresses et tes rêves,
Cette voix qui tournent et qui tournera toujours
Sur le tourne-disc inépuisable de ta vie....
- O vieux vinyle qui jamais ne s'use....
Oh poète...poète, je t'en supplie...respire ! ...
Peint-moi ces soirées de brumes et de brouillard
Ces arbres perdu dans le noir des rues
Et les manoirs sans bonjour ni bonsoirs
Gémissant dans les allées tristes de tes rêves.
Oh poète...poète, je t'en supplie...souffle ! ....
Dessine-moi à l'encre de ton sang
Les strophes des souffles coupées
Et les plaies qui hurlent en sutures frémissantes.
Oh poète...poète...poète...
Je t'en prie, déverse-toi de torrents et de cascade
Créer des incendies rageant de flammes océanes....
Mais respire, respire...respire...
raconte-moi les parfums de la vérité,
Et les racines maudites de tes douleurs tambour,
Les cris du coeur sous les oreillers de velours,
Les sourires dérobés pendant les bals masqués
Et les rires pour toujours sur les rives exilés.
Sanglote poète...sanglote...
Sanglote en âme perdu sur les pianos de feu !
Prolonge les symphonies des violons en songe !
Perds-toi dans les doux chant des oiseaux en cieux !
Eternue en mouchoir, le trop plein qui te ronge !
Mais je t'en conjure, toi poète, toi frère..
Respire....souffle.....parle...
Je t'en supplie....ne disparaît pas...
Pourquoi ces voies....dit pourquoi...
Oh non...les voitures fourmis....
Non poète...ne fait pas ça... arrête de délirer...
Je t'en supplie, tu n'est que jeunesse...
Tu n'est que fleur, tu n'es que fruit...
Viens, poète, prend ma main !
Serre la bien fort, le plus fort que tu peux
Et marchons tout deux vers la lumière....
Les portes d'un jour meilleur ne sont jamais fermées.
Vois la lumière sourire et le soleil bonheur !
Vois les ponts d'arcs-en ciel qui s'ouvrent comme les coeurs !
C'est le souffle printemps...c'est les fruits azurés...
Je sens le vent qui vient, il est si doux...si tendre..
Ressens l'ivresse nouvelle d'un jour meilleur !
Allez poète ! viens-donc ! il n'est plus temps t'attendre,
Et plongeons ce monde de bonheur et de fleur...